Est-on entré dans la phase de la grande démission comme aux États-Unis ?
Depuis mars 2020 le COVID a déstabilisé le marché de l’emploi. En effet de nombreux salariés se sont posés la question de leur avenir professionnel et surtout de savoir ce qu’ils attendaient réellement de leur emploi. S’il y a eu des licenciements et des départs forcés liés à la réorganisation économique de l’entreprise il n’en reste pas moins que le dispositif de la rupture conventionnelle reste toujours tout à fait d’actualité.
La rupture conventionnelle a été mise en place à partir de 2008 pour permettre un départ à l’amiable entre l’employeur et l’employé. Cette demande peut être à l’initiative de l’un ou de l’autre mais le seul prérequis est qu’il est important que les deux parties soient d’accord.
Sommaire
- 1 Si au début du dispositif les employeurs ont été un peu frileux et ont craint de se voir requalifier sur des licenciements abusifs et des accords extorqués, aujourd’hui que ce soit le salarié ou l’employeur, nul n’hésite à faire appel à ce dispositif.
- 2 Les chiffres du nombre de ruptures sont assez impressionnants et vont en augmentant tous les ans :
- 3 En tant qu’employeur que pouvez-vous faire pour éviter d’avoir à être confronter à une demande de rupture conventionnelle ?
- 4 Le COVID nous a obligé à nous questionner sur le monde du travail autant sur les pratiques managériales que sur nos attentes dans notre vie professionnelle en tant qu’employé.
Si au début du dispositif les employeurs ont été un peu frileux et ont craint de se voir requalifier sur des licenciements abusifs et des accords extorqués, aujourd’hui que ce soit le salarié ou l’employeur, nul n’hésite à faire appel à ce dispositif.
En effet le salarié peut bénéficier de ses indemnités de départ et de ses droits à des indemnités pôle emploi ce qui lui permet de pouvoir se projeter dans le futur et éventuellement de chercher un autre poste sereinement sans passer par la démission et le risque de ne pas faire l’affaire en période d’essai en ayant perdu ses droits. Cela permet de faire une petite pause dans sa vie professionnelle, même si à l’origine le dispositif n’était pas conçu pour cela mais pour apporter une fluidité sur le marché de l’emploi.
Certains employeurs refusent systématiquement les ruptures conventionnelles mais cela peut amener le salarié à un abandon de poste ou à une démotivation c’est donc une situation relativement complexe à gérer pour l’employeur.
Les chiffres du nombre de ruptures sont assez impressionnants et vont en augmentant tous les ans :
Année | Nombre de ruptures (brut) |
2008 | 31.671 |
2009 | 190.789 |
2010 | 246.080 |
2011 | 287.338 |
2012 | 319 897 |
2013 | 316.697 |
2014 | 335.852 |
2015 | 360.193 |
2016 | 390.404 |
2017 | 420.641 |
2018 | 437.384 |
2019 | 443.396 |
2020 | 427.367 |
2021 | 453.528 |
TOTAL | 4.661.237 |
Est-ce que cela traduit une démotivation des salariés pour leur poste ? est-ce que c’est un moyen de se séparer plus facilement des salariés pour les employeurs ? en tout état de cause cela a un impact sur le taux de chômage. En effet avec presque un demi-million de rupture signées chaque année, et si tous les départs aboutissent à une inscription au chômage, alors cela se représente à peu près 20% des personnes inscrites au chômage.
En tant qu’employeur que pouvez-vous faire pour éviter d’avoir à être confronter à une demande de rupture conventionnelle ?
Cela passe par des techniques de management et de gestion du personnel. Par exemple, faire des points réguliers avec ses salariés, aménager le poste de travail et notamment les horaires, gérer l’équilibre vie perso vie professionnelle, ou donner la possibilité pour le salarié d’avoir quelques jours de télétravail par semaine sont des outils qui peuvent permettre de garder un salarié. Mais il faut aussi être attentif au niveau de salaire proposé par rapport aux entreprises similaires ou au poste équivalent et surtout garder le salarié motivé sur son poste de travail en le valorisant et en lui proposant un management positif, ou en lui proposant des formations et une évolution de ses compétences. Tous ces outils sont autant d’atouts pour tenter de garder un salarié au sein des équipes.
Et si en tant que salarié vous êtes tenté par une demande de rupture conventionnelle, posez-vous aussi la question de savoir ce qui ne vous convient plus dans votre travail, est ce que c’est une question de conditions de travail, de rémunération, d’évolution de poste, de capacité à acquérir de nouvelles compétences ? Tous ces points peuvent vous donner envie de quitter un environnement, mais il faudra ensuite retrouver un poste qui réponde à vos attentes. Pour cela il faut faire une analyse assez fine des facteurs de motivation et de l’environnement de travail qui vous correspondent le mieux. Si vous avez besoin d’un poste plus polyvalent une petite entreprise sera plus adaptée qu’une entreprise avec des emplois mieux définis mais avec parfois un cadre plus restreint. Bien comprendre ce qui est un moteur pour trouver son épanouissement professionnel permet de se réaliser professionnellement.
Le COVID nous a obligé à nous questionner sur le monde du travail autant sur les pratiques managériales que sur nos attentes dans notre vie professionnelle en tant qu’employé.
C’est le moment de faire le point et de préparer les années à venir, ne pas se laisser d’aveugler par une tentation d’un miroir aux alouettes mais bien trouver ce qui nous permet un épanouissement professionnel. Les personnes n’ayant plus d’emploi, comme les jeunes retraités, peuvent mal vivre cette situation, et se sentir socialement inutiles faute d’avoir une reconnaissance professionnelle. Et ce n’est pas parce qu’on fait beaucoup d’heures de travail que pour autant ne rien faire du tout nous apportera le bonheur ! il faut surtout s’atteler à bien échanger avec son employeur ou bien à bien définir ce qui nous rend heureux dans notre vie professionnelle.
Pour cela un expert des ressources humaines est une personne qui peut vous orienter autant en accompagnant vos salariés dans la gestion de leur carrière, qu’en accompagnant vos managers pour mieux comprendre les attentes des salariés et les fidéliser.
Nous approchons de l’été, et la rupture conventionnelle subit aussi l’effet d’une saisonnalité : en effet c’est en décembre et en juillet que le plus grand nombre de ruptures se formalisent : alors, employeurs anticipez les demandes de vos salariés et si vous souhaitez les garder, mettez en place rapidement une analyse de votre environnement professionnel et des outils pour éviter que vos salariés n’aient envie de ne pas rentrer de congés, et salariés ne vous laissez pas aveugler par de longues vacances d’été, l’hiver viendra et il faudra chercher un poste qui vous apporte la satisfaction vous permettant de vous réaliser. L’anticipation vous permettra de passer cette période plus sereinement.